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Le Faclab à Gennevilliers, la petite usine à idées
Créé en 2012 à Gennevilliers, le Faclab est unique en son genre : un endroit ouvert à tous où les outils en libre-service permettent de fabriquer des objets et d’échanger les savoirs.
Photo CD92/Olivier Ravoire
Installée au coeur d'un campus universitaire, ce Faclab est le seul du genre en France. En contrepartie de l'utilisation des outils, chacun peut faire don de ses créations ou dispenser des conseils.
L’ambiance est studieuse mais détendue cet après-midi. Devant leur ordinateur, trois élèves s’exercent sur le logiciel Arduino, destiné à maîtriser les bases de la programmation informatique. Au menu du jour : la fabrication d’un piano à sept notes à l’aide d’un ordinateur, d’une carte, de résistances et d’objets incongrus. Au fond de la salle, Mohamed a choisi la pâte à modeler pour ses touches blanches. Ce commercial participe aujourd’hui à sa troisième session mais en grand curieux un peu touche-à-tout, il semble déjà à l’aise devant tous ces fils et les lignes de code sur son écran. « J’ai déjà une carte Arduino chez moi, je fabrique moi-même mes amplis et mes enceintes. Mais ici, on dispose de moyens intéressants et j’ai pu suivre une initiation à l’impression 3D. Ce genre de matériel coûte cher. Ici, il n’y a pas la barrière du coût et on apprend en petits groupes et de manière ludique. »
Devant le tableau blanc, Fanny co-dirige cet atelier de trois heures. Elle est ce qu’on appelle un « facilitateur », c’est-à-dire qu’elle s’occupe de l’animation du lieu et de la gestion et de l’entretien des machines. Cette ancienne designer a longtemps travaillé dans la mode avant de changer de voie et d’entamer son DU (Diplôme universitaire) « Facilitateur en fablab » en octobre dernier. Les animations d’ateliers font donc partie de sa formation. « J’ai travaillé sur un projet d’habitat groupé pendant six ans, donc j’ai l’esprit ouvert sur le participatif et l’échange de savoirs. On apprend ici des choses étonnantes : il y a trois jours, j’ai reçu une démonstration de découpe laser et le lendemain, j’ai refait les gestes avec une collègue. C’est le genre de démarche que j’adore. »
Photo CD92/Olivier Ravoire
Le Faclab de Gennevilliers est à la fois ouvert au grand public et aux étudiants. Plus de quatre mille personnes passent ici chaque année, que ce soit pour se servir librement du matériel ou pour participer aux ateliers.
Chacun donne ce qu'il peut : son temps, un sourire ou même un coup de main pour le ménage.
Un ovni merveilleux
Depuis sept ans, le Faclab de Gennevilliers se veut une petite fourmilière ouverte à tous et où chacun participe à sa manière. Le lieu, ouvert au grand public deux jours par semaine et aux étudiants le reste du temps, accueille en moyenne entre quatre et cinq mille personnes par an sur près de cent cinquante ateliers. À sa tête, son co-fondateur Laurent Ricard. Cet ancien informaticien devenu professeur est tombé « par hasard » sur l’univers des fablab. « C’est un lieu où l’on fabrique et où l’on échange son savoir, c’était parfait pour moi. » Et c’est au cœur du campus de Gennevilliers de l’université de Cergy-Pontoise que la structure s’est finalement installée dans des locaux de près de quatre cents mètres carrés sur trois niveaux. Le Faclab – contraction de « fac » et « fablab » – est aujourd’hui le quatrième de France et le premier installé dans une université. Son principe reposant sur le partage libre d'espace, de machines, de compétences et de savoirs, les adhérents ont à leur disposition des imprimantes 3D, une fraiseuse numérique, des machines pour la découpe laser mais aussi du matériel de couture et de sérigraphie. En contrepartie de leur utilisation, ils s’engagent à mettre à la disposition des autres leurs créations ou à donner des conseils. « C’est un ovni merveilleux, résume Laurent Ricard. Chacun donne ce qu’il peut : son temps, un sourire ou même un coup de main pour le ménage. La gratuité et l’ouverture sont les conditions nécessaires pour obtenir la mixité sociale dont on a besoin », poursuit-il.
Photo CD92/Olivier Ravoire
Ce Faclab est dirigé par Laurent Ricard
L’endroit profite également à des résidents, présents sur du plus long terme en échange d’un loyer symbolique. « Ce sont des professionnels qui veulent dégrossir une idée, savoir si leur projet est viable », explique Laurent Ricard. Ici ils peuvent surtout élaborer leur prototype, démarche plutôt coûteuse lorsque ces entrepreneurs s’adressent à des professionnels de l’industrie. « Avec ce prototype, ils peuvent ensuite aller voir une banque voire monter leur boîte. » Dans un des cinq bureaux, Jean Macchi et Arnaud Vallet mettent la dernière touche à leur prototype de meubles végétalisés. Leur projet Niobé se veut éthique, avec des meubles fabriqués par des personnes en insertion et dans des entreprises locales. « Nous avions besoin d’aide pour tout ce qui concerne le design, confient ces deux anciens étudiants en commerce. Au Faclab, nous avons bénéficié d’un réseau d’experts et des machines qui nous ont aidé à prototyper. En retour, nous avons pu aider sur l’aspect commercial. »
Enfin dernier public, les étudiants qui passent chaque année par le Faclab pour suivre l’un des deux diplôme universitaire « Initiation à la fabrication numérique » ou « Métier facilitateur », respectivement sur trois semaines et six mois. Le Faclab a également monté des formations pour les personnes sorties du système scolaire avec l’aide des missions locales des communes et leur propose d’apprendre le fonctionnement des machines numériques, le tout suivi par un stage de six mois. « Depuis novembre, sur dix jeunes qui suivent ce programme, deux ont obtenu une promesse d’embauche », s’enthousiasme Laurent Ricard. Plus qu’un lieu d’échange de savoir, le Faclab permet également de reprendre pied dans la vie active.
Source : HDSmag n°64 mars-avril 2019
Faclab
(Locaux de l’université de Cergy-Pontoise)
1, avenue Marcel Paul, Z.A.C. des Barbanniers
92230 Gennevilliers